22

 

— Nïx ! cria Emma dans le combiné, dès qu’on décrocha aux États-Unis.

— Bonjour Emma, comment vas-tu ? Tu te plais en Écosse ? s’enquit distraitement l’aînée des Valkyries.

— Passe-moi Annika, vite.

— Elle est souffrante.

Emma inspira à fond en pianotant avec les ongles sur le bureau de la petite pièce qu’elle venait de découvrir.

— Écoute, Nïx, je suis sérieuse. Je ne sais pas quand je pourrai rappeler, et il faut absolument que je lui parle.

— Elle est souffrante.

— Comment ça ? Soit elle est là, soit elle n’y est pas.

— Elle est en train de négocier avec les spectres.

Sidérée, Emma se laissa tomber dans la fraîcheur d’un grand fauteuil en cuir.

— Mais pourquoi ? On n’a pas besoin d’eux !

La maisonnée ne se servait des spectres qu’en tout dernier recours, lorsque le danger était extrême. Ils faisaient payer très cher la protection qu’ils étendaient sur le manoir grâce à leurs pouvoirs particuliers pour tenir les intrus à l’écart.

— Nous avons été attaquées ! annonça Nïx avec délice. Les vampires d’Ivo le Cruel nous ont tendu une embuscade puis poursuivies jusqu’ici – enfin, pas moi, à vrai dire, parce que personne n’a jugé bon de me réveiller, tu comprends, ce qui fait que je suis un peu énervée. Et puis ce n’étaient pas tous des vampires, pas exactement. Il y avait un démon vampire. À partir de maintenant, je vais appeler ça un dépire, mais Regina a décidé de faire le contraire, elle en tient pour vammon. Ah oui, après, Lucia a raté le dépire avec ses flèches et elle est tombée raide en hurlant à s’en faire péter les cordes vocales – je l’ai entendue –, ce qui a détruit toutes les lampes de la maison. Comme il faisait noir, le Lycae s’est glissé chez nous pour nous aider. À priori, les hurlements de Lucia avaient le don de l’énerver. Mmm… Oui, bon, il s’est glissé chez nous, et à eux deux, Regina et lui, ils ont massacré les vampires. Sauf qu’Ivo et son dépire se sont enfuis. Bref. Des vampires, des Valkyries et des Lycae, rien que ça. Ou, pour reprendre l’expression de Regina, le « super ragoût de monstres ».

Nïx se mit à rire.

Voilà, elle avait fini par perdre complètement l’esprit. Des dépires ? Lucia, manquer sa cible ? Regina, s’allier à un « clébard » ? Emma serra les dents.

— Préviens Annika que je suis au bout du fil.

— Une seconde, je finis ce que j’ai commencé.

Cliquetis de touches.

— Qu’est-ce que tu fais, Nïx ? demanda Emma d’une voix lente.

— Je bloque tous les mails en provenance de tes comptes ou comportant l’extension uk, genre ceux qui arrivent d’Écosse. Je suis maligne, tu sais.

— Mais pourquoi, par Freyja ? Pourquoi veux-tu que je reste coincée ici ?

— Tu n’as aucune envie qu’Annika vienne te chercher maintenant, ce n’est pas possible.

— Mais si !

— Il faudrait donc que notre chef de maisonnée vole à ton secours, alors que nous sommes en état de siège, que Myst et Daniela ont disparu, que Lucia souffre le martyre et qu’elle ne pense pas sans frémir à son admirateur des bois ? Si tu m’affirmes que ta vie est en danger, peut-être, mais autrement, il va falloir attendre ton tour.

— Vous avez besoin de moi, Nïx ! Tu ne le croiras peut-être pas, mais je fais des trucs dingues. J’ai battu une Lycae en combat singulier !

— C’est merveilleux, ma puce, mais je vais devoir raccrocher ou ce truc, là, le GPS qu’Annika a fait installer sur le téléphone, va trouver d’où tu appelles.

— Il faut qu’elle sache où…

— Où tu es ? Je sais parfaitement bien où tu es, ne t’inquiète pas. Je ne suis pas folle pour rien.

— Attends, Nïx ! (Emma attrapa le combiné à deux mains.) Est-ce qu’il t’arrive de… de rêver les souvenirs de quelqu’un d’autre ?

— Comment ça ?

— Est-ce qu’il t’est déjà arrivé de rêver du passé de quelqu’un d’autre ? d’événements dont tu ne savais absolument rien ?

— Du passé ? Bien sûr que non, ma puce. C’est complètement dingue, ton truc.

 

 

Lachlain regagna son bureau en se frottant le front et en s’appuyant surtout sur sa jambe intacte. Sa blessure l’épuisait, et l’escalade amoureuse qu’il venait de vivre avec Emma l’avait achevé, tellement la conclusion l’avait déçu.

Bowen s’était déjà remis au scotch.

— Ça s’est bien passé ?

— Non. Maintenant, en plus, elle me prend pour un menteur. Sans doute parce que je lui ai effectivement menti. (Lachlain se cala dans son fauteuil en se massant la jambe.) J’aurais dû le lui avouer après.

Comme Bowen le fixait d’un air interrogateur, il continua :

— Figure-toi qu’il y a deux ou trois jours, j’ai été obligé de la persuader qu’elle n’était pas mon âme sœur. Alors j’ai ironisé. Du coup, elle a fait la même chose aujourd’hui, évidemment.

— Tu as une mine de déterré.

— J’ai l’impression d’en être un.

Parler à son ami de la torture subie dans les Catacombes avait été terrible pour Lachlain. Il ne s’était pas étendu sur le sujet, mais le seul fait de se replonger dans ces souvenirs lui était douloureux. Cette pénible immersion avait été suivie de la vision de son âme sœur prenant un coup de poing en pleine figure et se faisant à moitié étrangler – par une Lycae du clan.

— Je peux te donner quelques mauvaises nouvelles supplémentaires ? s’enquit Bowen.

— Pourquoi pas ?

— La discussion avec Cass n’a pas été tellement fructueuse non plus. Elle n’a pas pris la chose aussi bien qu’on aurait pu l’espérer. Ça ne lui plaît déjà pas que tu ne sois pas à elle, mais l’idée d’être écartée pour une vampire lui est absolument insupportable.

— Je ne peux pas dire que son opinion me tracasse beaucoup…

— Elle a soulevé des problèmes que les anciens évoqueront aussi. Notamment le fait que les vampires femelles sont stériles…

— Eh bien, nous ne pourrons pas avoir d’enfants. J’en suis ravi. Autre chose ?

Lachlain était bel et bien ravi qu’Emma ne puisse pas avoir d’enfants. C’était d’autant plus stupéfiant qu’il avait aspiré à la paternité presque autant qu’à la rencontre de l’âme sœur…

Bowen le considéra d’un air surpris.

— Bon. Tu vois la lumière rouge qui s’est allumée sur le téléphone, là ? Ça veut dire que quelqu’un est en ligne. Je viens de croiser Hermann, et Cass a sans doute un portable. Il semblerait donc que ta reine appelle chez elle.

Lachlain haussa les épaules.

— Elle ne peut pas indiquer à ses tantes le chemin de Kinevane, elle était inconsciente en arrivant.

— Si elle reste assez longtemps au bout du fil, elle n’aura pas à le faire. Sa correspondante pourra remonter jusqu’à l’endroit d’où elle a appelé. Il y a des satellites au-dessus de nos têtes… entre autres.

Lachlain soupira en ajoutant mentalement lesdits « satellites » à la liste de tout ce qui lui était inconnu et dont il devrait s’inquiéter plus tard. Il lui avait semblé que ces choses-là avaient quelque chose à voir avec la télévision, pas avec le téléphone.

— Je ne sais pas si elles sont équipées en haute technologie, continua Bowen, mais il se peut que trois minutes leur suffisent. (La lumière s’éteignit.) Elle a raccroché. Parfait. (Se ralluma.) Elle rappelle. Il faudrait vraiment l’en empêcher.

Se ralluma, s’éteignit et ainsi de suite, pendant que les deux hommes fixaient la lumière sans mot dire.

— Peu importe, décida finalement Lachlain. Je ne veux pas l’empêcher de parler à ses tantes.

— Elles s’abattront sur le château comme une nuée de sauterelles.

— Si elles parviennent à le localiser et à passer outre nos défenses, je trouverai bien un moyen de les calmer. Il me semble qu’elles ont l’obsession de tout ce qui brille… Une ou deux babioles feront l’affaire.

— Pas de problème. Après tout, ça marche bien sur toi, ironisa le visiteur.

Lachlain lui jeta un regard noir, puis boitilla jusqu’à la fenêtre pour contempler la nuit. Un instant plus tard, Emma s’avança avec grâce sur la pelouse.

— Ah, elle est sortie, constata Bowen.

— Comment le sais-tu ? demanda son hôte sans se retourner.

— Tu t’es raidi et penché en avant. Ne t’inquiète pas. Bientôt, à une heure pareille, vous serez là-dehors ensemble.

Comme si elle avait eu conscience du regard de Lachlain, Emma se tourna vers le château. Le brouillard qui tournoyait autour d’elle donnait à sa beauté quelque chose de surnaturel. Son visage était aussi pâle, aussi fascinant que la lune qui la dominait. Toutefois, ses yeux semblaient totalement impénétrables.

Lachlain avait d’elle un besoin dévorant, mais il savait parfaitement que plus il essaierait de la retenir, plus elle chercherait à lui échapper. Le vif-argent n’était pas plus insaisissable. La seule chose en elle qui lui réponde positivement, c’était son corps. Cette nuit, par exemple, le désir l’avait enflammée… Il pouvait se servir de cela.

Emma se détourna et s’enfonça dans la nuit. Elle était née pour vivre ici. Avec lui. Il continua à scruter l’obscurité bien après sa disparition.

— Tu devrais peut-être lui expliquer pourquoi le temps presse, suggéra Bowen.

Lachlain soupira.

— Elle n’a jamais connu d’homme…

Il avait beaucoup hésité à dire la vérité à sa promise, mais il aurait fallu lui avouer que, s’il voulait absolument la prendre maintenant, c’était pour éviter de lui faire du mal plus tard.

— Alors comment devrais-je lui présenter les choses, à ton avis ? interrogea-t-il. « Tu comprends, Emma, si tu coopères, ce sera moins douloureux. »

— Mon Dieu, je ne savais pas qu’elle était vierge. Il n’en reste guère, dans le Mythos. Non, évidemment, tu ne peux pas le lui dire. Elle serait terrifiée, en pensant à…

— Nom de Dieu, cracha Lachlain lorsque Cassandra apparut sur la pelouse puis partit dans la même direction qu’Emma.

Bowen alla se poster devant une autre fenêtre.

— Je m’en occupe. Essaie de te reposer un peu.

— Non, j’y vais.

Lachlain pivota vers la porte.

Bowen lui posa la main sur l’épaule.

— Cass n’osera pas s’en prendre à elle, alors que tu viens clairement de le lui interdire. Je vais nous en débarrasser et parler à Emma. Ça ne peut pas nuire.

— Non. Tu risques de lui faire peur.

— Vraiment ? (Bowen affichait un air outrageusement surpris.) Remarque, je me suis bien rendu compte tout à l’heure que ma souveraine était un petit être fragile et délicat. Je ferai attention, au cas où elle voudrait me démonter la mâchoire.

 

 

Emma bondit sur le toit de la maisonnette, puis se mit à tourner autour d’un pas rapide. Elle aurait tellement voulu disposer de son iPod qu’elle aurait presque accepté pour le récupérer de coucher avec ce sale menteur !

Les vampires avaient cassé l’appareil… mais cela n’avait pas d’importance, en fin de compte, vu qu’elle aurait trouvé même les « Dures à cuire du rock » insipides, comparées à ses propres délires coléreux.

Comment ce salaud osait-il lui faire des choses pareilles ? Elle venait juste de surmonter l’attaque des vampires, sa métamorphose à lui et, pour couronner le tout, l’agression de Cassandra, quand il lui avait assené ce… ce mensonge.

Chaque fois qu’elle s’habituait à lui, qu’elle commençait à se sentir plus ou moins à l’aise en sa compagnie, il lui faisait un coup en traître. Les changements qui se succédaient autour d’elle et en elle l’effrayaient.

— Si tu veux, je t’aiderai à t’enfuir.

Elle bondit en arrière – de la girouette jusque sur un pignon – en lâchant un long sifflement. Cassandra se tenait sur le toit de la maisonnette, elle aussi. Emma s’accroupit, prête à se jeter sur elle. La belle et robuste Lycae était amoureuse de Lachlain depuis des siècles… Cette seule pensée l’incitait à vouloir lui arracher les yeux.

— Je peux te procurer une voiture, précisa la lycanthrope.

Il soufflait une petite brise, juste assez forte pour écarter de ses oreilles parfaitement normales ses beaux cheveux aux mèches éclaircies par le soleil.

Son nez était semé de taches de rousseur quasi invisibles, qu’Emma lui enviait jusqu’à la dernière.

— Et pourquoi ça ? rétorqua-t-elle, alors qu’elle connaissait parfaitement la réponse.

Cette salope en avait après Lachlain.

— Il va te garder prisonnière. Bowen m’a dit que tu es en partie valkyrie… et je sais que le sang d’une Valkyrie ne fait qu’un tour à l’idée de la captivité.

La situation devenait carrément gênante. Quelle sagesse, ô mon ennemie ! Le sang d’une Valkyrie exige en effet une liberté absolue.

Telle n’était pas exactement la réplique qu’Emma avait sur le bout de la langue. Ni même sa principale préoccupation. Simplement, elle était furieuse que Lachlain lui ait menti. Et que Nïx se soit débarrassée d’elle en lui raccrochant au nez… une dizaine de fois.

— Et toi, qu’est-ce que tu y gagneras ? interrogea-t-elle.

— Je veux juste empêcher Lachlain de commettre une grossière erreur en s’aliénant un clan qui ne t’acceptera jamais. S’il ne sortait pas à peine de deux siècles de torture, il verrait tout de suite que tu n’es pas son âme sœur.

Emma se tapota le menton d’un air rêveur.

— Il ne sortait pas à peine de deux siècles de torture… (Une pause.)… quand il a vu que tu n’étais absolument pas son âme sœur.

Cassandra réussit presque à dissimuler sa grimace.

Emma soupira, consternée de sa propre réaction. Elle n’était pas comme ça – féroce. Elle n’avait jamais le moindre problème avec les créatures du Mythos qui passaient leur temps à aller et venir au manoir, discrètes ou non. Sorciers, démons, elfes… elle s’entendait bien avec tout le monde. Encore un exemple des changements intérieurs qu’elle subissait sans les comprendre.

Pourquoi trouvait-elle cette Lycae parfaitement insupportable ? Pourquoi avait-elle une envie aussi impérieuse de lui sauter dessus ? Comme sur un plateau télé, dans une émission trash, où elle aurait braillé : « C’est mon mec, il est à moi ! »

Était-elle jalouse parce que Cassandra avait connu Lachlain bien avant elle ?

— Écoute, reprit-elle, je n’ai pas envie de me disputer avec toi. Je veux m’en aller, oui, mais il faudrait vraiment que ma vie soit en danger pour que je m’en remette à toi.

— Je suis prête à faire le serment de ne pas jouer double jeu. (Cassandra pivota afin de fouiller le parc du regard. On venait dans leur direction.) Tu ne peux pas gagner, ce coup-ci. Jamais tu ne seras notre reine.

— Il semblerait que je le sois déjà.

— Une véritable reine serait capable de se promener au soleil en compagnie de son roi. (La Lycae sourit avec une amabilité exagérée.) Et de lui donner des héritiers.

Emma ne parvint absolument pas à dissimuler sa grimace.

Morsure Secrète
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